Le jury de la 6e édition du Concours d’Arts Plastiques et Visuels de Nivelles a rendu son verdict.
Le 7 juin dernier s’est refermée la 6e édition du Concours d’Arts Plastiques et Visuels de Nivelles. L’exposition des oeuvres sélectionnées a rassemblé près de 15 artistes proposant des univers, des disciplines et des sources d’inspiration très différents. Ce qui les unit, outre le fait de leur participation à ce concours, c’est le regard qu’ils/elles portent sur le monde. Un regard ouvert parfois poétique, critique, inquiet ou au contraire, optimiste.
Les œuvres ont été sélectionnées par un jury de professionnels sur base d’une centaine de candidatures. Parmi les artistes en lice, 4 ont reçu un prix et 2 autres une mention.
- 1er prix : Emilie Magnan – dessins aux crayons de couleurs très grand format
- 2e prix : Aliki christoforou – installation et photos
- 3e prix : WIP Collective (Thibaut Drouillon et Jérôme Boulanger) – installation vidéo
- Prix Jeune artiste : Justine Salamin – installation sonore
- Mention du jury : Gerda Van Damme – peintures à l’huile et Benoît Chaumont – dessin et installation
- Prix du public : Gerda Van Damme – peintures à l’huile
Prix et récompenses
- le Premier Prix : une somme de 3000 €
- le Deuxième Prix : une somme de 2000 €
- le Troisième prix : une somme de 1500 €
- le Prix jeune Artiste (de 20 à 30 ans) : une somme de 1500 €
- le Prix du public : une somme de 500 €
Le Premier, Deuxième, Troisième Prix et le Prix Jeune artiste remportent également une exposition collective au Waux-Hall, entre le 26 septembre et le 25 octobre 2026.
Résultats du Concours d’Arts Plastiques et Visuels 2025
1er Prix : Emilie Magnan
Dessins aux crayons de couleurs (très grand format)
Depuis mes débuts, je suis attirée par le corps humain. Mon oeuvre, souvent basée sur le travail de modèle et le portrait, a évolué vers des formats avoisinant la taille humaine. Chaque trait est pour moi une contemplation, une manifestation de respect et d’admiration envers mes modèles.
Le regard occupe une place centrale dans mes représentations du corps humain. À travers ces regards, transparaissent des émotions diverses, de la stupeur à la fierté, évoquant une langueur profonde et intime. Les figures humaines que je crée se suffisent parfois à elles-mêmes, évoluant dans un lieu immatériel, un non-lieu, institué par la présence d’un fond laissé vacant, livré à la seule action du support, le papier vierge. Cette absence n’est pas seulement visuelle, elle est également sonore. Dans ce silence, on peut se demander : que n’entendons-nous pas ? Les pleurs ? Les plaintes ? Les cris de colère ? Les reniflements ? Ce vide laisse place au questionnement.
Les symboles sont nombreux dans mon travail, ajoutant des couches de signification et de contexte aux compositions. Par exemple, dans le dessin Auguste et Romane (crayon de couleur sur papier tendu sur châssis, 165 x 110 cm), deux bambins se tiennent l’un à côté de l’autre, les pieds entourés d’insectes morts. Leur présence interroge. Les enfants jouent-ils avec les insectes ? Sont-ils symptômes d’autre chose ? Une dimension narrative, suggestive, allusive apparaît dans l’oeuvre.
Les figures que je dessine semblent prêtes à disparaître, un peu comme dans les oeuvres symbolistes du début du vingtième siècle (notamment celles de Fernand Khnopff).
Dans l’ensemble, mes oeuvres évoquent une douceur retenue et suggèrent des narrations intimes. À travers mes portraits, j’explore des thèmes tels que la maternité, l’enfance et la solidarité humaine, capturant des moments empreints de réconfort et de calme, non sans que des éléments perturbateurs, tels que l’indécision de localisation ou le jeu ambigu des regards, n’épaississent la lecture potentielle de mes dessins. Mes portraits collectifs mettent en lumière la solidarité et la tendresse entre les personnages, tandis que la sensualité se manifeste à un niveau individuel.
Auguste et Romane – 2024
Crayon de couleur sur papier tendu sur châssis en bois, 165 x 110 cm)
Émilie Magnan est une artiste plasticienne belge diplômée de l’atelier Dessin de La Cambre à Bruxelles. Depuis ses débuts, Émilie est attirée par le corps humain. Dans l’ensemble, ses oeuvres évoquent une douceur retenue et suggèrent des narrations intimes. À travers ses portraits, elle explore des thèmes tels que la maternité, l’enfance et la solidarité humaine, capturant des moments empreints de réconfort et de calme non sans que des éléments perturbateurs, tels que l’indécision de localisation, ou le jeu ambigu des regards n’épaississent la lecture potentielle des dessins. Les portraits collectifs mettent en lumière la solidarité et la tendresse entre les personnages, tandis que la sensualité se manifeste à un niveau individuel.
En découvrir davantage sur l’artiste : https://emiliemagnan.be/
2e prix : Aliki Christoforou
Ma pratique artistique s’étend sur le champ des arts visuels : photographie, film, installation et plus récemment performance, j’envisage mon travail comme une recherche au long cours, à la lisière du réel et de la fiction, de l’histoire et du mythe – j’aime les histoires qui racontent d’autres histoires, qui repeuplent nos imaginaires et interrogent une réalité souvent violemment absurde, voire tragique.
Motivés par une volonté de dévoiler des histoires immergées, mes travaux explorent des notions telles que la mémoire, le deuil, la nécropolitique et la hantise. Il s’inscrivent dans une perspective élargie de l’écologie qui abolit les distinctions entre l’humain et le non-humain et révèle les champs sociaux et environnementaux comme des assemblages complexes et inextricables.
La mer est un élément central et récurrent de mes recherches. J’explore cette archive de mémoire liquide dans une envie de tisser des liens entre le passé, le présent et des futurs possibles. Ces trois dernières années ces recherches s’articulent autour de la mer Méditerranée que j’étudie et que je cherche à révéler dans le sillage historique de l’Atlantique (noir).
Lorsque je travaille avec la photographie, j’aime détourner cette pratique et porter le regard au delà de l’usage commun du médium en le détachant de sa dimension indicielle. Dans une envie de lier la matérialité de mes images et les histoires qu’elles donnent à voir, la chambre noire devient un terrain d’expérimentations qui allie la chimie, la lumière et le temps afin de dévoiler de nouvelles manières de transposer non seulement le visible mais aussi – et
surtout – l’invisible.
Sang, gomme bichromatée, papier hahnemühle 350gr
Diplômée d’un master de photographie de La Cambre (2022) et du Master Pratique de l’art, outils critiques de l’ERG (2024), ma pratique s’étend au champ des arts visuels : photographie, cinéma, installation et, plus récemment, performance. J’aborde mon travail comme une exploration au long cours, à l’intersection du réel et de la fiction, de l’histoire et du mythe. Je suis attirée par les histoires qui racontent d’autres histoires, qui repeuplent notre imaginaire et questionnent une réalité souvent violemment absurde, voire tragique.
Modifiées par le désir de révéler des récits enfouis, ces investigations explorent des notions telles que la mémoire, le deuil et la hantise. Elles s’inscrivent dans une perspective écologique élargie qui abolit les distinctions entre l’humain et le non-humain, révélant les champs sociaux et environnementaux comme des assemblages complexes et inextricables.
La mer, et particulièrement la mer Méditerranée, qui m’est chère, est un élément central et récurrent de mon travail. j’explore ces archives liquides de mémoire dans le but de tisser des liens entre le passé, le présent et les futurs possibles.
En découvrir davantage sur l’artiste : https://alikichristoforou.com/
3e prix : WIP Collective (Thibaut Drouillon et Jérôme Boulanger)
H(and)w(or)k – 2022
Vidéo couleur, 00:23:01
WIP Collective est un duo d’artistes bruxellois. Ensemble, ils utilisent les iconographies collectives du domaine public devenues presque invisibles tant elles sont utilisées pour porter un regard neuf sur ce qu’ils considèrent être des symboles d’une culture globalisante et des facteurs de transmission matérielle et immatérielle entre les êtres humains. Leur travail pluridisciplinaire tente également de déconstruire les aspects constitutifs de leur production artistique. En ce sens, les notions de perception et de mesure guident souvent leur production plastique et leur permettent de flirter avec l’absurde. Les images, objets et installations qu’ils présentent sont souvent le résultat d’un processus codifié, combinatoire et/ou génératif.
En découvrir davantage sur l’artiste : www.instagram.com/w.i.p.collective
Prix Jeune artiste : Justine Salamin
Ces petits boîtiers métalliques sont des pacemakers retirés post-mortem. Lors de mes
nombreuses visites chez une thanatopracticienne, je les observe et entends certains
émettre une alerte. Elle indique qu’ils sont bientôt à court de batterie et qu’il est temps
de les remplacer.
Dans ce projet, les ondes émises par ces pacemakers sont captées par un micro-
électromagnétique, puis amplifiées par un haut-parleur reproduisant les fréquences sonores les plus basses du spectre audio (subwoofer).
Plus la batterie est chargée, plus le rythme du pacemaker est rapide; plus la batterie est
faible, plus son rythme est lent. Ces ondes évolueront avec le temps, se transformant en
grésillements, jusqu’à s’éteindre définitivement.
Pacemakers – 2024
Captation de son en temps réel – 2024
À 9 ans, je ne reconnais pas mon grand-papa dans son cercueil.
À 10 ans, je veux avoir une grosse poitrine.
À 12 ans, je suis artiste plasticienne.
À 15 ans, j’ai une grosse poussée d’acné.
À 16 ans, je rencontre un inconnu, mort, aux côtés d’une thanatopracticienne.
À 17 ans, j’entends un pacemaker sonner hors d’un corps.
À 18 ans, j’aurais dû dire non.
À 20 ans, je vois une larme s’échapper de l’oeil d’un mort.
À 22 ans, je perds mon souffle.
À 23 ans, je dis « non ».
À 24 ans, je fais la toilette mortuaire de ma grand-maman.
À 25 ans, je pleure dans les yeux de mes parents.
En découvrir davantage sur l’artiste : https://justinesalamin.art/fr
Mention du jury pour : Gerda Van Damme
Mon œuvre est une exploration profonde de la condition humaine, reflétant l’inquiétude existentielle qui imprègne nos vies. Elle combine un aspect littéraire, peut-être hérité de ma formation en philologie, et une dimension philosophique aux accents existentialistes. La narration y est souvent implicite : mes images semblent en mouvement, laissant deviner un « avant » et un « après » au moment de la peinture, bien que ces instants se trouvent hors-champs, tout comme certains éléments du moment même. Parfois, cette narration devient plus explicite, et il n’est pas rare que j’intègre des textes directement dans mes tableaux, mêlant ainsi les mots et les images pour enrichir le récit visuel.
Mon travail approfondit des thèmes comme la nature éphémère de la vie, la désillusion face à la réalité confrontée aux aspirations de l’enfance et la présence inévitable de la mort. À travers mes peintures, vidéos d’art et installations, je confronte la banalité de l’existence et le déni de la mortalité, tout en interrogeant la possibilité de trouver un réel bonheur et réconfort au milieu des luttes inhérentes à la vie.
Mon art se situe à la croisée des récits visuels et philosophiques, entre le banal et l’exceptionnel, entre les fragments de vie que nous accumulons et les moments de lucidité qui nous définissent.
Épiphanie #1
Installation de peintures – Huile sur toiles suspendues avec bois et chaines
Après avoir consacré trois décennies à la communication marketing, Gerda a entamé depuis quelques années une nouvelle carrière d’artiste plasticienne. Elle collabore étroitement avec le collectif artistique « Grosses Lacunes » et avec son mari, Guido Janssens, au sein du « Muybridge Collective ».
Gerda travaille dans diverses disciplines artistiques telles que l’installation, la vidéo et la sculpture. Cependant, c’est en peinture qu’elle a été finaliste de sept concours rien que l’année dernière, dont deux nominations au Prix international Arte Laguna.
Elle a exposé ses œuvres lors d’expositions curatoriales dans des villes de renommée mondiale telles que Venise (Arsenal) (Italie), Berlin (Allemagne), Brooklyn (États-Unis), Dordrecht (Pays-Bas), Almeria (Espagne), ainsi que dans plusieurs villes de Belgique. Elle a également reçu de nombreuses bourses de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour des projets menés avec « Grosses Lacunes », notamment pour le commissariat du festival d’art contemporain « Grand Écart ».
En découvrir davantage sur l’artiste : https://gerdavandamme.com/
Mention du jury pour : Benoît Chaumont
Mon travail traite principalement de notre rapport au monde vivant, de l’observation, de la compréhension et de l’attention sensible portée à celui-ci.
Imprégné d’observations microscopiques, de paysages, d’insectes et d’histoire des sciences, en plus de sa dimension esthétique et sensible j’aime intégrer à mon travail d’images une part de vulgarisation scientifique. Je souhaite que mes images, en plus de ce que contient une recherche artistique, soient aussi un moyen, un accès, à des éléments de connaissances scientifiques. J’essaye également d’y inscrire les réflexions philosophiques et éthiques que ces connaissances peuvent impliquer et qui peuvent être extrapolées à des enjeux moraux actuels.
Je travaille actuellement sur la thématique de « l’abiogenèse », c’est-à-dire, l’apparition de la vie sur terre et le passage entre matière inanimée et matière vivante qui s’est opéré il y a plusieurs milliards d’années. J’essaye de rendre sensible les imaginaires que nous avons de cet évènement unique, que le monde scientifique n’a pas encore réussi à répéter et rendre observable.
Tout l’oxygène produit par les premières formes de vie durant ces longues périodes anciennes à profondément modifié le monde, et par oxydation, à créer de gigantesques dépôts de fer que l’humain consomme aujourd’hui et qui sont à la base de la civilisation telle que nous la connaissons. Il en va de même pour d’autre matériaux employés par l’humain et ce de manière problématique actuellement tel que le manganèse, l’uranium ou le pétrole, qui tous datent des périodes très anciennes de la terre, témoins des premiers changements globaux que la vie y a induit.
C’est donc en grande partie avec ces matériaux, pour certains témoins de changements globaux provoqués par la vie sur terre dans le passé, que l’humain modifie désormais de manière globale l’environnement terrestre.
« Archéen »
crayon graphite, broux de noix coloré – dessin installation : pavés de quartzite, crayon graphite et papier craft
2014 à 2020 : Cours du soir en gravure à l’École des Arts de Braine-L’Alleud.
2015-2017 : Bac1 et Bac2 en dessin à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles.
2017-2021 : Obtention d’un Bac3 et cours de master en gravure à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, Arba Esa.
2023 : Cours du soir de gravure et lithographie à RHok Academie à Etterbeek.
Membre de l’asbl « Anim’art », animation d’ateliers d’art plastique pour enfants.
2024 : Résidence artistique et exposition collective, Le KOOI Vaisseau Mère, Uccle, Belgique.
6ème Biennale internationale d’art graphique, Čačak, Serbie. (À venir).
Exposition collective de gravure, Fresnes-sur-Escaut, France. (À venir 2025).
En découvrir davantage sur l’artiste : www.instagram.com/benoit_chaumont

Prix du public
L’ensemble des artistes sélectionnés
- Barani Olivia
- Chaumont Benoît
- Christoforou Aliki
- Drouillon Thibault et Jérôme Boulanger (WIP COLLECTIVE)
- Godier Clémence
- Herremans Stéphanie
- Jacques Michèle
- Lequin Côme
- Magnan Émilie
- Remy Mathilde
- Salamin Justine
- Transon Monique
- Van Damme Gerda
- Vandersteenen Sarah
Les membres du jury
- Pol Authom
- Yolande De Bontridder
- Elisabeth Dieleman
- Maxime Longrée
- Aimé Mpane
- Nicole Quintin
- Céline Scokaert
Expositions collective des lauréats
Rendez-vous entre le 26 septembre et le 25 octobre 2026 pour découvrir l’exposition collective des lauréats du Concours d’Arts Plastiques et Visuels : Emilie Magnan, Aliki Christoforou, WIP Collective (Thibaut Drouillon et Jérôme Boulanger), Justine Salamin et Gerda Van Damme. Celle-ci se tiendra dans la salle d’exposition du Waux-Hall de Nivelles.